Savoir surfer la dernière vague

Non cet édito n’a pas pour sujet les derniers championnats du monde de surf qui se sont achevés il y a quelques jours à Hossegor. Cet édito est comme à son habitude centré sur les marchés financiers et l’expression “surfer la dernière vague” résume bien l’état d’esprit actuel des investisseurs et des professionnels de la finance. Depuis les plus bas de mars 2009 les indices US ont quasiment fait X4.
Les marchés européens même s’ils restent à la traîne par rapport à leurs homologues américains, ont fait X2 depuis fin 2011 (les niveaux étaient alors proches des plus bas de 2009). Et tout cela sans compter les dividendes. SI les bénéfices des entreprises suivent, pas de problème, le marché est sain. C’est en grande partie ce qui s’est passé mais pas dans les même proportions. Ainsi on a vu le niveau de cherté des marchés actions, mesuré par le P/E, augmenter. Il est désormais largement au-dessus des moyennes historiques aux Etats-Unis et dans une moindre mesure en Europe. Dès lors, doit-on vendre toutes les actions et rester sur des actifs sûrs? Non et cela pour trois raisons.
Tout d’abord, ces actifs sûrs ne rémunèrent plus rien. Le monétaire qui est le taux sans risque absolu est négatif en Europe tout comme les obligations de l’Etat allemand jusqu’à des maturités de 7 ans. L’investisseur doit donc payer pour prêter de l’argent, c’est le prix de la sécurité. Pas besoin d’être un grand stratégiste pour comprendre que ces investissements n’ont pas grand intérêt. Donc la solution de repli « classique » des actions vers les actifs à très faible risque est compromise. En langage boursier, la prime de risque est élevée, c’est-à-dire qu’il y a un intérêt certain à aller chercher du risque actions.
Deuxième raison, la macro-économie s’améliore. Certes les valorisations sont élevées mais il faut reconnaitre que les conditions macro-économiques s’améliorent quasiment partout. Pour une fois l’Europe fait même figure de locomotive. La croissance mondiale va être, en 2017, la plus élevée depuis 10 ans.
Dernière raison, la dernière vague de hausse est souvent la plus forte, celle qui porte vers les sommets. Les investisseurs ont beau savoir que la fin du cycle est proche, la dernière vague est celle des exagérations. Si l’investisseur ne capte pas cette performance, à long terme cela est très préjudiciable.
En conclusion, il ne faut pas en ce moment investir sur les marchés d’actifs à risque avec un optimisme béat. On est proche de la fin d’un cycle. Si la situation venait à se détériorer, les valorisations ne viendraient pas en renfort. On ne pourrait se dire « la situation se dégrade, mais c’est tellement attractif en termes de prix qu’on peut sereinement rester investi ». En revanche, sortir maintenant est dangereux car nul ne sait combien de temps la dernière vague dure 1 mois ? 6 mois ? 18 mois ? Une chose est sûre mieux vaudra sortir de l’eau une fois cette dernière vague passée..

Cet article a été publié dans notre newsletter trimestrielle « La Lettre du Patrimoine » et a été rédigé par Pierre Bermond EOS ALLOCATIONS. Pour la télécharger, cliquez ici.
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